Toitures-terrasses accessibles : le CLT sur la bonne pente

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Fordaq JT
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L'ETN établie par SAS ALPHA Contrôle va stimuler à la fois le marché de la surélévation bois, et de la construction bois en bande, sinon la construction bois tout court. D'autant que le chantier en cours montre bien qu'on n'a pas à faire exclusivement avec du CLT. D'ailleurs, le verre cellulaire apparaît comme une bonne alternative à la fois pour fournir à la construction bois le "chapeau" au sens spécifique de la protection contre les infiltrations, et les "bottes", pour éviter les remontées d'humidité. Certes à un prix élevé, mais dans la perspective non seulement d'une utilisation ludique des toitures, mais aussi de leur végétalisation abondante. 

A première vue, le chantier de l'école maternelle du boulevard Vincent Auriol fait penser à quelque chose qui devrait bientôt disparaître, tantôt sous les coups de boutoir des droits à déroger, tantôt sous ceux du climat qui imposera sans doute beaucoup plus de simplicité. Trop compliqué ! A la rigueur, on aurait fait l'inverse, les logements sociaux qui prennent tout le soleil et bois et l'école tortueuse en béton. En attendant, c'est un magnifique chantier-école parisien, avec pas mal d'aspects qui peuvent préparer l'avenir. Une enveloppe passive, qui reste la seule solution défendable à l'heure du passage imposé au Bepos. Des murs bois-paille sur plusieurs niveaux, selon une technique régie par les régles professionnelles et qui ne semble pas avoir fait l'objet sur ce chantier de complications particulières, d'autant que les murs ont été livrés prescque finis. Ils le seraient tout à fait s'il ne se posait la question du raccordement entre module, à mi-bois, avec un accès ménagé côté façade et donc la nécessité de compléter le bardage à cet endroit. La belle chose, c'est que, comme l'a compris et promu depuis des lustres Olivier Gaujard et la scop Gaujard Technologies, le recours à la paille en botte avec des épaisseurs standardisées de 37 cm conduit naturellement à la performance passive, du moins en parois opaques. Ici, le tandem architectural LA Architecture/Corentin Desmichelle a visé la performance passive de base, 28 kWh/m2/an au lieu des 15 du standard. C'est que la configuration des lieux est défavorable sur le plan bioclimatique. En conséquence, et c'est une autre caractéristique intéressante de ce chantier, les murs rideau en bois sont partout et d'ailleurs même à l'intérieur du bâtiment, pour faire entrer la lumière. La descente de charge est telle que l'accrochage sur ces poteaux de menuieries triple vitrage devient une bagatelle. Le bois est surdimmensionné un peu partout parce qu'il faut assurer la reprise de charge de 600 kg/m2, charge calculée en tenant compte d'une terre de végétalisation imbibée d'eau. Les retombées de poutres deviennent par endroit trop importante, d'autant que le dessin des lieux est architecturé et enjoué, pas la boîte à chaussure bonne élève du PassivHaus. Résultat, certaines poutres en bois sont remplacées ou complétées par des poutres en acier, et les assemblages sont massifs. Mais tout cela, ce mélange assez étonnant et bientôt masqué, n'a finalement rien d'exceptionnel en soi, c'est de l'ordre de la faisabilité courante, et le charpentier Goubie ne pleurera pas après les quelques poutres en bois sacrifiées, tellement ce petit chantier représente pour lui un lot de premier ordre. 

Le point qui déroge, c'est cette nouvelle solution du tandem Lignatec Foamglas qui a l'air d'un détail. Pour Lignatec c'est du bonheur, d'autant que certaines opérations précédentes, notamment Aqualagon, ont montré à quel point cette question de la pente des toitures planes végétalisées est casse-pied. Désormais, Lignatec gagne sur deux tableaux : premièrement, plus besoin de se casser la tête, l'ouvrage peut être couronné par des panneaux KLH plans comme aux étages inférieurs. Deuxièmement, Foamglas se charge de la pente dans le cadre d'une solution hautement sécurisante et pérenne, même si le verre cellulaire coûte plus du double que son équivalent à base de laine de verre support d'étanchéité de toiture. 

Ce chantier-école montre aussi comment, pour permettre à des arbustes de pousser, certains locaux secondaires sont carrément rabaissés. Sachant que le Foamglas absolument étanche ne va pas inciter les racines à percer pour aller chercher l'humidité.

L'ETN est une étape vers un ATE et il est frappant de voir que, malgré une forte affinité du marché cossu suisse envers le Foamglas, et une présence également en Autriche, au pays du CLT, l'initiative ETN n'a pas vraiment de précédent là-bas. Mais elle pourrait avoir des conséquences ! Le Foamglas est léger, une qualité de plus pour des solutions constructives de surélévation avec toiture accessible, voire de toiture végétalisées ou adaptées à la permaculture. L'option constructive de demain étant : 1) ne plus construire mais aménager ; 2) densifier certes mais anticiper les questions de confort d'été qui vont devenir vitales en zone urbaine ; 3) permettre à cette fin des écrans de verdure éventuellement utiles à l'alimentation. 

Il apparaît que le dispositif ossature bois-paille semble a priori bien dimensionné pour assurer la descente de charge demandée dans ce nouveau contexte. En cas de logements, sans doute que les portées peuvent être réduites, limitant ainsi les sections spectaculaires des poutres. Ce chantier incite à réfléchir à l'optimisation du dosage béton/verre/acier/bois/paille. Mais il convient d'attendre la livraison l'été prochain pour mesurer à la fois la qualité de confort d'été, et la performance architecturale d'ensemble, qui semble prometteuse.  

légendes (Photos JT) : vue de l'école en construction, 7 novembre 2018 ; les reprises de charge sous toiture végétalisée lourde impliquent des poutres surdimmensionnées.

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